Mojoca – MOvimiento de JOvenes de la CAlle

Mouvement des jeunes de la rue à Guatemala Ciudad

En quelques mots : Amitié libératrice et autogestion

Le Mojoca repose sur deux socles : l’amitié libératrice et l’autogestion.
Respect, confiance, dignité et dialogue accompagnent cette approche.
Le Mojoca compte une dizaine de travailleurs salariés.
Deux fois par semaine, des équipes vont à la rencontre des jeunes à différents endroits de la ville. Ils sont à leur écoute, partagent leurs difficultés et joies, leur donnent des pistes pour s’organiser collectivement et prendre des décisions qui soient source de changement.

La Maison de l’amitié 

«  La Maison de l’amitié  » est un centre de jour qui accueille les jeunes ayant entamé un processus pour sortir de la rue.
Elle fonctionne sur l’équilibre entre droits et devoirs, respect des horaires, et participation régulière aux activités, ce qui est déjà un défi  !
Les jeunes s’organisent en «  collectifs  » selon leur âge et leur projet de vie.

Chacun de ces groupes est guidé par un conseiller qui est une personne salariée. Ils élisent dans chaque collectif un responsable qui les représente en Comité de Gestion.
Il y a les mamans souvent mères très jeunes ou Quetzalitas  ; leurs enfants les Mariposas  ; le groupe Generacion del Cambio avec des jeunes de 13 à 25 ans souvent scolarisés et de la 2° génération qui ne vivent plus en rue  ; le groupe Nueva Generacion, hommes ou femmes avec de jeunes adultes qui ont déjà cheminé et cherchent à se stabiliser.

Des activités d’éducation populaire et permanente

Des activités de formation, d’éducation populaire et permanente permettent aux jeunes de se former, de se mettre en projet et de se voir cheminer vers un avenir meilleur.

Une école reconnue par l’état permet aux jeunes de suivre des cours à distance, de passer des examens, guidés par 2 enseignants. Des formations professionnelles en cuisine, boulangerie et pâtisserie sont validées par un certificat reconnu. Des sorties culturelles et sportives sont proposées pour souder les jeunes dans la joie et l’ouverture au monde.
Les jeunes peuvent bénéficier de différents services  : un système de bourses d’études et de formation, ainsi que des parrainages pour les écoliers, un service de santé et de soutien psychologique, un service administratif et juridique, un service d’aide au logement, de création de microentreprises, …

Financement

Le Mojoca ne reçoit aucun subside de l’état guatémaltèque.

Mots-clés

mouvement, jeunes, Guatemala, changement social, entraide, autogestion, participation, insertion, autoestime, amitié libératrice

Principes à la base de la philosophie du MOJOCA

Autogestion : Les jeunes sont au cœur de l’organisation. Ils prennent les décisions collectivement, développant ainsi leur autonomie et leur responsabilité.

Amitié et égalité : Gérard Lutte insiste sur l’importance de l’amitié comme base de toute relation humaine, fondée sur l’égalité, le respect et la confiance.

Éducation et réinsertion : Le mouvement offre des opportunités d’apprentissage, de formation, de logement et des microcrédits pour des projets personnels

Engagement social : Le MOJOCA lutte contre les injustices sociales et milite pour une société plus équitable.

Gérard Lutte a créé le Mojoca en 1993, à la suite d’une recherche sur l’adolescence en rue au Guatemala. Le mouvement a déjà accompagné plusieurs centaines de jeunes à sortir de l’exclusion, de la violence et de la drogue, en leur offrant un cadre bienveillant et structurant.

Les jeunes de la rue …

Des filles, souvent mamans très jeunes, et des garçons que la pauvreté et la violence ont poussés à quitter les bidonvilles et leur famille pour vivre dans la rue. Ils y sont exposés aux trafiquants et aux milices que produit un régime autoritaire corrompu et violent.

Ces filles et ces garçons sont bourrés de talents et de rêves, comme tous les jeunes de leur âge.
Au Mojoca, ils trouvent de multiples occasions de se sentir reconnus, de retrouver confiance en eux, de s’exprimer et de s’engager dans la société.

… En mouvement, c’est …

Rencontrer les filles et les garçons dans les rues, les écouter, leur proposer des activités ludiques et de formation, les amener à prendre des décisions personnelles et collectives, les accompagner dans leur parcours de vie (études, formation professionnelle, santé, logement, emplois, …).

Un petit tour du patio, lieu central de « la maison de l’amitié » au MOJOCA

Ces quelques images paisibles sont prises un matin tôt, avant les activités de la journée.
Une grande porte cochère mène à un sas d’accueil puis au patio central. Autour de celui-ci se distribue la plupart des pièces. L’escalier monte vers l’espace administratif.
Une grande pièce est une salle polyvalente où ont lieu les réun ions, les formations, les rencontres descollectifs, les repas en grand groupe…
Un couloir conduit à la buanderie et aux sanitaires.
Un peu plus loin se trouvent la cuisine et l’atelier de boulangerie/pâtisserie. Un escalier conduit au dispensaire et au bureau de la psychologue.
Des petits locaux bordent le patio : la salle de classe, la salle du collectif de la rue, la salle des Quetzalitas (les femmes) et Mariposas (les enfants).
Une grande pièce est la salle de couture (actuellement inemployée).
On termine le tour du patio par le Mojocafe qui propose aux clients des produits de la cuisine et de la boulangerie / pâtisserie. Le Mojocafe est accessible facilement depuis la rue.

Le Mojoca en images

Informations sur la situation au Guatemala

Un nouveau président a été élu en janvier 2024, Bernardo Arevalo. Issu d’un petit parti progressiste, sa marche de manœuvre est faible. Mais il veut lutter contre la corruption. Un vent d’espoir souffle après cette élection, après de décennies de gouvernements oligarchiques et corrompus.
La misère croissante causée par l’économie néolibérale a accentué l’exode des campagnes vers les villes et a entraîné l’apparition de dizaines d’autres quartiers de squatters. Pour échapper à ces lieux de violence et d’ennui, des centaines de filles et de garçons choisissent de vivre dans la rue. D’autres, plus nombreux, ont rejoint les gangs de rue.

Au Guatemala, le nombre d’enfants et de jeunes a augmenté de manière disproportionnée après le génocide de plus de 200.000 personnes, perpétré dans les années 1980 par l’armée et d’autres bandes armées. Cette guerre contre les pauvres a poussé près d’un million de paysans indigènes et métis à se réfugier dans les villes, en particulier dans la capitale Guatemala Ciudad. Ils ont construit des dizaines de cabanes qui encerclent la ville en formant une ceinture de misère.
C’est pour aider les garçons et les filles de la rue, pour leur donner la possibilité de se former et de devenir responsables de leur organisation, pour soutenir les jeunes qui veulent quitter la rue et se réinsérer dignement dans la société, qu’une assemblée de plus de 80 jeunes de la rue, dirigée par Gérard Lutte, a décidé en 1993 de fonder leur organisation, le Mouvement des Jeunes de la Rue, Mojoca.

La pandémie a mis à jour une réalité sociale et économique déshonorante où des milliers de familles survivent dans une économie d’exclusion et de marginalisation qui contraint de nombreux ménages à se désintégrer, et parmi eux, les enfants et les adolescents sont les plus vulnérables et les plus touchés.
Les addictions de toutes sortes, la traite des êtres humains, la prostitution et la confrontation avec les réseaux criminels sont des phénomènes quotidiens.
Nous assistons également à une vague de filles et de garçons issus de foyers publics, qui sont relâchés à leur majorité et vont dans la rue ; ces jeunes ont des caractéristiques différentes de ceux qui sont dans la rue depuis l’enfance.

Témoignages

Luis, l'infirmier du Mojoca, en rue

Luis, infirmier au Mojoca

Bonjour, je m’appelle Luis Beltetón, je suis infirmier et technicien en soins intensifs et méd…

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David, un jeune

David, un jeune

Bonjour, je m’appelle David et j’ai 20 ans. Il y a 4 ans, j’ai rejoint le « collectif de rue » du Mo…

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Janeth, une jeune

Janeth, une jeune

Bonjour, je m’appelle Janeth. A 17 ans, j’ai commencé à consommer du solvant, suite à l’enlèvement d…

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Lorsque des jeunes filles et garçons vivant dans les rues sans aucun droit se relèvent, se mobilisent et s’organisent collectivement pour se défendre et construire leur avenir, alors : l’espoir d’un monde plus juste devient réalité.

Les chantiers

Collectif de la rue

Les jeunes de la rue se réunissent pour s’organiser et apprendre leurs droits et obligations, contribuant ainsi à la construction d’une société juste. Le Mojoca coordonne les contacts et les activités avec les jeunes ; il offre un accès à une meilleure éducation, à des abris, à de la nourriture, à des documents juridiques personnels, à la recherche d’opportunités d’emploi et à des soins dignes dans les centres de santé et les hôpitaux ; le Mojoca  initier le processus de sortie de la rue tout en respectant les décisions de chaque jeune.

Le personnel en charge du collectif est composé de deux conseillers et de deux représentants.

Education citoyenne 

Avec l’aide des conseillers et de formateurs externes, ou lors de discussions, de réflexions, les jeunes apprennent à connaître leurs droits et leurs devoirs dès le plus jeune âge. Ils sont sensibilisés aux enjeux sociétaux, apprennent à s’exprimer dans le respect et la dignité. Cette démarche les amène à se sentir citoyen et à s’insérer dans la société.

Les Quetzalitas

C’est un groupe de jeunes femmes risquant de devenir sans-abri et de femmes ayant quitté la rue, qui se réunit 1 dimanche sur 2.  Avec une conseillère et deux représentantes elles cherchent ensemble à fédérer leurs efforts pour mener une vie digne pour elles-mêmes et leurs enfants.

Ces personnes, avec 2 puéricultrices, sont également en charge du collectif des enfants ou Mariposas.

Les Mariposas

Collectif de filles et de garçons jusqu’à 13 ans, filles et fils de Quetzalitas, d’anciennes Quetzalitas, Du groupe ‘Nouvelle génération’ et d’anciens membres de ‘Nueva Generación’.

Le collectif est sous la responsabilité d’une conseillère, de deux représentants et de 2 puéricultrices. Ces personnes sont en même temps responsables du collectif des Quetzalitas.

Collectif Nueva Generacion

Jeunes ayant vécu dans la rue ou en situation de risque. Ce sont des travailleurs informels ou formels qui poursuivent leurs études et luttent pour une vie digne.

Le collectif est sous la responsabilité d’un conseiller et de deux représentants qui sont également en charge du collectif ‘Génération du changement’.

Collectif Génération du changement

Collectif de soutien mutuel d’adolescents et de jeunes âgés de 13 à 25 ans, filles et fils de Quetzalitas, ex-Quetzalitas et Nueva Generación, afin de favoriser leur formation humaine, académique, professionnelle, sociopolitique et spirituelle.

Le collectif est sous la responsabilité d’un conseiller et de deux représentants, qui sont également en charge du collectif ‘Nueva Generación’.

L’école de l’amitié
  • Les enfants (Mariposas) sont inscrits dans les écoles de la ville. Ils peuvent bénéficier de soutien scolaire si nécessaire. 
  • Pour les élèves adolescents & adultes, 1 responsable et 2 enseignants proposent cinq après-midi par semaine de cours formels, couvrant le contenu du programme d’éducation des adultes par correspondance de la direction générale de l’éducation extrascolaire du ministère de l’éducation, ainsi que le programme national d’éducation alternative.
  • Couverture des contenus éducatifs avec les jeunes vivant dans la rue, en leur rendant visite dans les lieux où ils séjournent et en leur fournissant du matériel de travail.
  • Remise de bourses d’études motivation une fois par mois.
  • Inscription des étudiants à DIGEEX selon les périodes qui nous sont indiquées.
  • Remise des résultats finaux aux dates indiquées par DIGEEX.
Bourses d’études et de formation

Une fois par mois, des bourses sont accordées aux jeunes qui étudient au niveau primaire, secondaire, diversifié et universitaire. But : Soutenir les jeunes qui ont quitté la rue pour poursuivre leurs études et mieux se préparer à s’intégrer dans la société avec une vision critique.

Des bourses sont attribuées également aux jeunes qui suivent une formation technique et professionnelle afin qu’ils puissent s’intégrer dignement dans la société par le biais d’emplois décents ou de micro-entreprises.

Des soutiens de différentes natures sont accordés :  visites dans les centres d’études, suivi des résultats scolaires, collaboration avec ‘l’Ecole de l’Amitié’, collaboration avec INTECAP, etc…

Parrainages

Le Mojoca propose des parrainages venant du réseau italien Amistrada, dont l’enveloppe est remise 1 fois par mois. Le but est de créer des relations entre les marraines et les parrains qui veulent soutenir moralement et financièrement les enfants du MOJOCA, apporter un soutien financier pour le bien-être des enfants, notamment pour qu’ils aillent à la crèche ou à l’école.

Atelier gastronomique

L’atelier est animé par un chef, un cuisinier et un animateur.

Il comprend la cuisine, la boulangerie et le MOJOCAFE. La production d’aliments est saine, équilibrée et économique. L’économie des ateliers est basée sur la solidarité. 

La restauration des jeunes est assurée par cet atelier.

Ces ateliers proposent la formation et l’insertion professionnelle des jeunes.

Par la production et la vente de nourriture et l’organisation d’événements, le Mojoca contribue un peu aux dépenses du MOJOCA

Les modules de formation en boulangerie, cuisine et service à la clientèle durent 6 mois, validés par un certificat qui ouvre au marché du travail. 

Objectifs :  Développer, évaluer et améliorer continuellement les recettes,  apprendre et respecter hygiène et propreté des ateliers, coordonner et identifier les formations externes pour les jeunes.

L’atelier couture

est fermé depuis la période du covid. L’espoir de le rouvrir existe mais nécessite de fonds pour financer un salaire de formatrice. En plus de la formation en couture qui offre des débouchés aux jeunes, l’atelier peut réaliser des objets d’artisanat vendus au profitr de l’association, sur place ou en Europe via les deux réseaux d’amitié.

Création de micro-entreprises

Ce service vise à soutenir les jeunes qui ont quitté la rue et qui ont du mal à trouver du travail, afin qu’ils créent leur propre micro-entreprise. 

Les collectifs ‘Quetzalitas’, ’Nueva Generación’ et’ Generación del Cambio’ présentent des candidats à la création d’une micro-entreprise et évaluent leur capacité à tenir leurs engagements. 

Deux ateliers de formation à la gestion des petites entreprises et deux ateliers sur l’économie sociale et solidaire, sont proposés avant l’installation de la micro-entreprise. 

Le candidat micro-entrepreneur présente son projet, il  stipule l’activité qu’il souhaite exercer et le lieu d’implantation de la micro-entreprise.  Il signe une lettre d’engagement à accepter la supervision du conseiller de son collectif pour assurer la bonne utilisation des fonds octroyés. Le conseiller du collectif de micro-entrepreneurs élabore avec lui un projet complet après avoir vérifié que le lieu d’implantation de la micro-entreprise est sûr et présente un potentiel de marché.

On prépare les bénéficiaires à créer une entreprise, à acheter des produits pratiques et bon marché, à les vendre et à tenir la comptabilité de leur micro-entreprise.   On crée des groupes de base de micro-entrepreneurs vivant dans la même région afin qu’ils puissent se soutenir mutuellement et s’entraider en cas de difficultés. 

Santé et nutrition

Un infirmier engagé et compétent travaille 5 jours par semaine dans le dispensaire du Mojoca.

Il fournit des soins de santé à tous les jeunes et au personnel du Mojoca. Il contrôle le poids et la taille des enfants du collectif Mariposas. Vaccinations et dépistages sont effectués régulièrement ; chaque personne examinée a un dossier personnalisé.

Il oriente ceux qui ont besoin d’examens et de traitements spécialisés vers des centres de santé ou des institutions spécialisées. 

Il sensibilise les jeunes afin qu’ils deviennent responsables de leur santé. 

Il accompagne régulièrement lors des visites de rue et procure les soins, les dépistages et les vaccinations nécessaires.

Psychologie

La psychologue qui travaille au Mojoca peut apporter son soutien à différents niveaux : 

Elle apporte un soutien psychologique individuel en ligne ou en présentiel aux enfants, aux jeunes et aux adultes. Elle accompagne lors de certaines visites de rue, Elle coordonne les activités avec SECCATID.

Elle intervient et aide dans des situations de crise émotionnelle et existentielle de la population de Mojoca, Elle cherche à promouvoir et améliorer la santé mentale. 

Elle collabore avec les services de santé et les responsables des collectifs pour soutenir le processus de libération des dépendances et le processus d’amélioration de la nutrition des enfants et des jeunes.

Son expertise est précieuse lors de problèmes d’apprentissage.

Elle collabore à la formation d’une équipe intégrée, aux relations amicales, à la bonne communication entre les participants de chaque groupe et dans l’ensemble du MOJOCA.

Aides au logement

Dans certains cas, le Mojoca peut chercher un lieu de vie digne et sûr pour une famille ou une personne issue des différents collectifs de Mojoca ; il finance temporairement ces familles et ces personnes pour couvrir les frais de logement. 

Ce soutien peut intervenir auprès d’une famille, ou d’une personne, ou lors d’une intervention d’urgence.